DE LA PAROLE AUX ACTES Sans Jésus nous ne pouvons rien faire

Quand l’Église est-elle devenue catholique ?

Le 20/06/2023

Dans Blogues

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Aux tout premiers temps du christianisme, les chrétiens se disaient « à Christ ». À partir de quand a-t-on employé le mot « catholique », et pourquoi  ? Réponse de Marie-Françoise Baslez, historienne, spécialiste de l’Église antique.

Il est plus tardif que le mot « chrétien », apparu dans les années 40.

C’est un terme inventé par les Romains, très peu de temps après la mort de Jésus. « Catholique » apparaît pour la première fois au début du IIe siècle, dans des écrits d’Ignace d’Antioche et dans des écrits de Smyrne, une métropole intellectuelle d’Asie mineure.

C’est un terme plus philosophique, qui renvoie à un débat de fond et à une question d’identification de l’être chrétien : qu’est-ce qu’être disciple du Christ ?

C’est concevoir l’évangélisation comme une mission universelle qui s’adresse à tous.

Au tout début, être chrétien, c’est « être à Christ ». Par la suite, c’est reconnaître que le Christ et l’Évangile opèrent le salut de toute l’humanité.

C’est une nouveauté dans l’Antiquité. D’autant plus que l’Église à l’époque, ce sont des Églises isolées, dispersées, différentes, entre lesquelles il faut créer des liens d’unité, puisque l’humanité est réconciliée et sauvée dans son identification avec le Christ.

Tout le débat est là, au cours des cinq premiers siècles, sur le plan théologique, mais aussi sur le plan rituel, sur l’usage du calendrier, sur l’eucharistie : faut-il la célébrer à l’eau ou bien au vin ?

Le jour du shabbat ou le premier jour de la semaine ? Les comportements et l’éthique font aussi débat.

Des tendances différentes se font jour, entre les communautés mais aussi au sein des communautés. Certains travaillent à l’unité dans la diversité, et admettent l’unité de l’Église à construire comme assumant toutes les diversités, d’autres au contraire pensent qu’il faut consolider l’identité chrétienne en unifiant les rituels, les ministères, le collège apostolique, etc.

 

Aux premiers siècles, y avait-il des papes ?

 

Non. L’unité fonctionne sur trois piliers : la théologie pour laquelle le plus gros du travail est terminé au Ve siècle, les rites, qui s’uniformisent en Occident mais restent divers en Orient, et la gouvernance.

Il n’y a pas de gouvernance unique dans les premiers siècles, sauf celle de l’Empereur, avec l’ambiguïté d’une religion qui devient politique à partir du IVe siècle avec Constantin.

Il faut attendre le haut Moyen Âge et la mise en place de la papauté pour que ce troisième pilier d’unité apparaisse.

Avec l'élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio au rang de pape François en 2013, l'histoire de l'Église catholique compte 266 papes.

Le pape est le chef spirituel du catholicisme et le chef visible de l'Église catholique.

Il est le successeur de saint Pierre, le premier parmi les apôtres et le premier pape de Rome.

 

Le mot « catholique » est donc bien entré dans le vocabulaire chrétien au IIe siècle ?

 

En réalité, il a été inventé, et je crois avoir montré avec d’autres qu’il vient du judaïsme.

C’est le judaïsme de la diaspora qui a eu le premier l’idée d’une appartenance de foi qui assumait et rassemblait toutes les autres appartenances.

Il est passé dans le vocabulaire des intellectuels chrétiens. C’est seulement dans les années 250, pendant les grandes persécutions officielles, politiques, que les chrétiens, les intellectuels du moins, devant confesser leur foi devant des tribunaux, diront à leurs persécuteurs : « J’appartiens à l’Église catholique ».

Affirmant ainsi l’universalité de l’Église et du salut, pour l’humanité tout entière. « Je suis monothéiste, disaient-ils, je suis à Christ, j’appartiens à l’Église catholique. »