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DE LA PAROLE AUX ACTES Sans Jésus nous ne pouvons rien faire

Ces prêtres qui perdent l’espérance

Le 25/07/2023

Dans Blogues

Séminariste

 

Que dire à ces prêtres désemparés, angoissés, qui ne savent pas affronter leurs failles, leurs fautes ou le jugement des autres ?

L’Église doit trouver le courage de prendre leur situation à bras le corps, estime le père Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille.

En 2020, un rapport sur la santé des prêtres indiquait un bon état général mais laissait apparaître une vraie inquiétude sur le psychique. Sentiment que le travail n’est pas reconnu par ceux entre les mains desquels ils ont remis leurs vies, usage de l’alcool largement mésestimé, solitude de vie…

Le fait que la majorité des réponses viennent des plus jeunes clercs est une inquiétude supplémentaire : qu’en sera-t-il pour eux dans vingt ans si rien n’est fait ? Et pour l’heure qu’est-il fait ?

"Je pense à ceux qui se découvrent des fantasmes qui les angoissent et dont ils n’osent faire part : faut-il attendre qu’ils passent à l’acte pour les entendre ?"

Père Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille

 

 

Par son dérèglement complet des maîtrises des pulsions, notre société suscite sans même le réaliser, non pas des perversions qui ont sans doute toujours existé, mais des passages à l’acte devenus si faciles.

Pour des prêtres auxquels on a pu laisser croire à une forme de toute puissance du sacerdoce et auxquels on répète parfois, parce qu’ils sont jeunes, qu’ils sont les sauveurs d’une Église si mal accompagnée, insistent les mêmes, par leurs aînés, les ingrédients ne sont-ils pas réunis pour des explosions à répétition ?

Est-il imaginable qu’un prêtre qui soit suspecté d’actes illégaux ou criminels trouve un lieu d’humanité qui l’aidera à ne pas se suicider ?

Ce n’est pas faire insulte aux victimes que de demander cela : n’est-ce pas aussi pour elles le meilleur moyen de permettre à la justice de faire son œuvre ?

Un cœur pour l’écouter

Des évêques ont cherché à réfléchir à ceci, pour aider des prêtres jugés coupables et ayant « payé à la société leurs dettes » même si la formule paraît parfois un peu dérisoire.

Mais avant ? Lorsque le pire n’est pas advenu ? Ou lorsqu’il n’est que suspecté ?

Le chantier est immense car il touche bien sûr à la formation des séminaristes, à l’accompagnement psychologique et pas simplement spirituel dont on leur permet de bénéficier.

Et bien sûr au suivi des ordonnés… Tâche gigantesque dont on ne sait pas très bien qui s’en occupe vraiment sinon au cas par cas, toujours dans l’urgence. 

Croire que mon Église trouve le courage de prendre à bras le corps ce chantier humain qui conditionne tellement l’annonce de l’Évangile. Et que jamais on ne puisse laisser penser, même malgré nous, qu’il est préférable qu’un homme meure pour que survive l’institution.